Musique – Albums rétro

Flog

Labi Siffre, Crying Laughing Loving Lying (1972)

Tracklist: 1) Saved 2) Cannock Chase 3) Fool Me a Goodnight 4) It Must Be Love 5) Gimme Some More 6) Blue Lady 7) Love Oh Love Oh Love 8) Crying Laughing Loving Lying 9) Hotel Room Song 10) My Song 11) Till Forever 12) Come On Michael

Album cover

Il y a peu, ma copine me faisait découvrir une cover de la chanson Bless The Telephone et en m'assurait qu'il s'agissait d'une chanson célèbre. Intrigué car je n'avais jamais entendu parler de cette chanson, une recherche sur internet m'appris que la version originale était en fait d'un artiste dénommé Labi Siffre. Labi Siffre, ce nom m'était familier... Oui, je le connaissais via la chanson I Got The..., célèbre pour avoir été samplée par Eminem pour son morceau My Name Is. J'étais surpris de constater que Bless the telephone et I Got The... avaient été composés par le même artiste, puisque le contraste entre les deux est saisissant: on a d'une part une ballade minimaliste à la guitare et de l'autre un groupe complet jouant du soul/rock.

L'album Remember My Song faisait partie de mes marque-pages contenant mes dernières découvertes musicales à réécouter, mais je ne l'avais écouté que ponctuellement sans vraiment accrocher. Cette découverte de la chanson Bless The Telephone me réincitait à explorer de nouveau cet album. Et un jour que j'avais mis l'album en musique de fond, je tombais sur la chanson My Song. Et là coup de foudre !

Cette ballade au piano démarre par des accords qui font immédiatement penser à du Burt Bacharach (This Guy's In Love With You par exemple). Puis la voix de Labi démarre, nous emmenant directement dans un univers magique. La musique est mélancolique mais les paroles particulièrement assertives, et le tout est enrobé dans un message d'amour. Et quelle claque dans la coda : That as long / As I live / I will sing my song.

Ce qui m'a naturellement conduit à l'album auquel appartient cette chanson: Crying Lauging Loving Lying. Disons-le tout de suite : Labi Siffre est sans doute l'artiste le plus sous-estimé que je connaisse (mis à part Gilbert Laffaille peut-être). Il m'aura d'ailleurs fallu pas moins de 15 ans pour tomber dessus.

L'album s'ouvre avec Saved, un morceau acapela qui est pour moi le moins intéressant de l'album. En contraste la deuxième chanson est Cannock Chase, ma préférée de l'album dont la guitare et les mélodies m'emportent loin. Les vocalises, l'orchestration, et le point d'orgue mélodique (Oh, I know I'll be down again with my old friend / This friendship never ends / The blues is always the same), cette chanson est tout simplement sublime.

Le reste de l'album est constituée de ballades acoustiques, mais toujours avec des moments mémorables. Fool Me a Good Night, dont le pont fait penser à du Simon & Garfunkel. It Must Be Love et son refrain entraînant, un des temps forts de l'album dont on notera le “hook„ : Nothing more / Nothing less / Love is the best. Blue Lady, un morceau plus atmosphérique. Bien sûr Crying, Laughing, Loving, Lying, la chanson titulaire de l'album. Et également 'Till Forever une chanson sacharrinée très courte.

Entre ces ballades acoustiques, deux morceaux plus rythmés et bluesy, ponctués par des sons d'orgue: Gimme Some More et Love Oh Love Oh Love. Les chansons plus génériques sont selon moi Hotel Room Song, dont les paroles explicitent clairement que Labi manquait d'inspiration en l'écrivant (Last night, there was nothing to write about, that's why I'm writing this song) ou Come On Michael qui clôt l'album. Mais même si l'écriture est plus faible, elles sont suffisamment courtes et contiennent assez d'idées musicales pour rester intéressantes (comme le pont vocal sur Come On Michael).

En conclusion, Labi Siffre démontre pour moi sur Crying Lauging Loving Lying qu'il maîtrise à la perfection l'art de composer des ballades aux mélodies marquantes, et signe là un petit chef-d'œuvre qui gagnerait à être connu.